3e Forum Mondial de Nyéléni : le Sri Lanka accueille le plus grand rassemblement de mouvements sociaux appelant à une « transformation systémique »
Image: https://nyeleniglobalforum.org/
Le Sri Lanka accueille le 3e Forum Nyéléni (6-13 septembre), le plus grand rassemblement mondial de mouvements sociaux de l’histoire. Ce Forum intervient à un moment crucial dans le contexte de crises multiples qui ne cessent de s’intensifier et plongent le monde dans l’injustice sociale et les conflits armés.
Un forum historique et intersectoriel
Nommé d’après une paysanne malienne légendaire, le 1er Forum Mondial Nyéléni s’est tenu au Mali, en 2007, rassemblant plus de 500 personnes issues de 80 pays afin d’échanger des savoirs et des perspectives pour renforcer une agenda de lutte commune basée sur la souveraineté alimentaire. Huit ans plus tard, en 2015, le Mali a également accueilli la 2e édition du Forum Mondial Nyéléni, où une vision commune de l’agroécologie a été formulée et adoptée par les mouvements sociaux mondiaux – représentant principalement des communautés rurales dans toute leur diversité. L’agroécologie a alors été conçue comme une forme de résistance et une alternative pratique au système alimentaire néolibéral, hégémonique et hautement destructeur.
Si les deux premiers forums ont surtout consolidé la souveraineté alimentaire et l’agroécologie comme piliers d’un monde plus juste et durable, l’édition 2025 s’ouvre à une approche plus large et intersectorielle. Dix ans après, les mouvements sociaux soulignent l’urgence de rompre avec le travail en silos ; face à des défis mondiaux interconnectés, seule une réponse collective et intersectorielle sera à la hauteur. En ce sens, le Forum Nyéléni 2025 marque « un moment historique dans notre lutte collective pour une transformation systémique », étant « le rassemblement le plus important de forces populaires engagées dans la construction d’un monde au-delà du capitalisme, du colonialisme, du patriarcat, du racisme et du fascisme. »1
« Le Forum rassemblera une puissante constellation de mouvements et de communautés – Peuples Autochtones, paysan·nes, pêcheurs, pasteurs, travailleur·euses agricoles, artisan·es, féministes, migrant·es, salarié·es, pauvres des zones urbaines, activistes de l’économie sociale et solidaire, consommateur·ices, travailleur·euses de la santé, artistes et chercheur·euses – uni·es par une vision commune : construire des économies populaires et des démocraties, promouvoir la paix et la solidarité internationale, faire avancer la souveraineté alimentaire et l’agroécologie, défendre les terres et les territoires, garantir la santé pour tous et toutes, et atteindre la justice climatique et la souveraineté énergétique. »2
Faire face aux crises interconnectées à travers des alliances élargies et la convergence de luttes populaires interreliées est essentiel pour que les classes laborieuses et les personnes marginalisées du monde puissent générer des transformations positives dans leurs vies, dans de multiples domaines.
La place de l’UNDROP
La Déclaration des Nations Unies sur les droits des paysans et autres personnes travaillant dans les zones rurales (UNDROP) est une proposition intersectionnelle, qui de facto quitte le domaine des idées pour entrer dans les réalités concrètes et pratiques des mouvements sociaux à travers le monde.. En effet, la mise en œuvre des ces droits est directement interconnectée avec une multitude de luttes menées par les organisations paysannes, les syndicats de travailleurs-euses, les peuples pêcheurs, les mouvements féministes, les Peuples Autochtones et bien d’autres. Les droits des populations rurales à la terre, à la gestion des ressources, à la souveraineté alimentaire, à l’eau et à un environnement sain, aux semences, à l’éducation et à la santé – pour n’en citer que quelques-uns – dépendent de transformations structurelles profondes pour être pleinement réalisées.
L’UNDROP offre un cadre normatif qui peut ancrer et renforcer l’agenda de la souveraineté alimentaire lors du 3e Forum Mondial Nyéléni. Les droits reconnus dans cet instrument ne sont pas des principes abstraits mais des outils concrets pour contrer la capture des systèmes alimentaires par les sociétés transnationales,ainsi que résister aux politiques qui minent les moyens de subsistance des communautés rurales. En définissant la souveraineté alimentaire non seulement comme une aspiration, mais comme un ensemble de droits humains, le Forum peut renforcer son appel à une transformation systémique et donner aux mouvements du monde entier les moyens de revendiquer un véritable changement structurel.
De plus, intégrer l’UNDROP dans l’agenda du Forum est également stratégique pour construire des alliances et peut servir de terrain commun pour unir les luttes rurales et urbaines autour de revendications partagées.
Coordonner les actions, construire le changement
Garantir les droits des populations rurales va de pair avec les luttes intersectorielles contre l’impunité des sociétés transnationales, les systèmes fiscaux injustes et la privatisation des services publics . Reconnaître les luttes des populations rurales comme interconnectées et complémentaires – plutôt que séparées – des luttes menées sur d’autres fronts est essentiel pour construire la solidarité et un sentiment partagé d’interdépendance entre les mouvements populaires au-delà de la sphère rurale.
Aucune lutte ne peut aboutir isolément : toutes ne progresseront qu’à travers une résistance collective. Le 3e Forum Mondial Nyéléni arrive donc à un moment charnière pour consolider nos alliances et donner un nouvel élan aux transformations systémiques que nous voulons amener.
Pour plus d’informations sur la 3e édition du Forum Mondial Nyéléni, consultez ce communiqué de presse publié plus tôt cette année, ainsi que les derniers articles et séries d’interviews avec des représentant·e·s de mouvements qui se retrouveront bientôt au Sri Lanka