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Le CETIM et La Via Campesina dénoncent les sanctions contre le Niger qui violent les droits des populations rurales

Cet article a été publié en premier lieu sur le site du CETIM, le 23 septembre 2023. Vous pouvez le retrouver ici.

Le 26 juillet 2023 des militaires nigériens ont renversé le Président du Niger, Mohamed Bazoum. En réponse en certains nombre d’organisations internationales ont pris des mesures coercitives économiques, par exemple le blocage du système bancaire et des embargos commerciaux. Par ailleurs, la France conservait au Niger une présence militaire importante.

Les mesures coercitives unilatérales et les droits de l’homme

Un «Panel de discussion biennal sur les mesures coercitives unilatérales et les droits de l’homme» s’est tenu à Genève lors de la 54e session du Conseil des Droits de l’Homme. Parmi les panélistes figuraient la Rapporteuse spéciale des Nations Unies sur les mesures coercitives unilatérales, Alena Douhan, le Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, M. Volkan Türk, le Président du Mécanisme d’experts sur le droit au développement, M. Mihir Kanade, ainsi que d’autres expert.es. Fatimatou Hima de la Plateforme Paysanne du Niger, membre de La Via Campesina, est intervenue au nom du CETIM pour déclarer et dénoncer les conséquences des sanctions économiques et financières contre le Niger et son peuple, et en particulier les conséquences sur les paysans nigériens.

Dans sa déclaration, Mme Fatimatou Hima a dénoncé l’intervention militaire planifiée au Niger et a critiqué les mesures coercitives prises par les institutions régionales et les organisations internationales telles que la CEDEAO, l’UEMOA, l’Union africaine, la Banque mondiale et l’Union européenne, qui ont un impact sur les droits humains de l’ensemble de la population nigérienne, en particulier dans les zones rurales.

Des impacts disproportionnés sur les populations rurales

Ces mesures sont conçues pour avoir un impact négatif sur les sphères économiques, sociales et politiques du Niger. La population est confrontée à une crise alimentaire en raison de l’augmentation généralisée des prix des denrées alimentaires, des difficultés d’accès aux intrants pour l’agriculture, l’élevage et la pêche et d’un accès limité aux ressources via les institutions financières. De plus, les aides au développement rural ont été suspendues et les coupures d’électricité entraînent un ralentissement économique et un arrêt de la production agricole.

Selon Mme Hima « l’approbation et la préparation d’une intervention militaire de la CEDEAO, avec la volonté manifeste de la France de soutenir le projet, sont extrêmement préoccupantes. Une éventuelle guerre contre le Niger et son peuple entraînerait de nouvelles violations et de la misère, sans parler des pertes de vies humaines et du nombre de réfugié.es qui quitteraient le pays, ainsi que la déstabilisation de la région. Le peuple nigérien rejette catégoriquement toutes les mesures coercitives qui lui sont imposées, ainsi que tout projet d’intervention militaire.»

Dans sa conclusion, Mme Hima a exhorté le Conseil des Droits de l’Homme et ses mécanismes compétents à exiger la levée immédiate et inconditionnelle de toutes les mesures coercitives imposées à la population nigérienne et la reprise du financement de l’aide au développement, notamment en faveur des zones rurales.

Conformément à la résolution 52/13 du Conseil des droits de l’homme, le Rapporteur spécial sur l’impact négatif des mesures coercitives unilatérales sur la jouissance des droits de l’homme préparera un rapport sur les débats de la table ronde, qui sera soumis au Conseil lors de sa 55e session. Le rapport fournira des informations au Conseil sur la manière de procéder dans son examen de l’impact des mesures coercitives sur les droits humains.

La Via Campesina et le CETIM continueront à suivre de près la situation au Niger et à signaler aux mécanismes compétents de l’ONU les violations des droits humains, dans la perspective des plus vulnérables et à la lumière de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des paysans et des autres personnes travaillant dans les zones rurales.

Retrouvez l’appel de La Via Campesina ici.

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