Palestine : pas de souveraineté alimentaire sans souveraineté nationale
Source originelle: Site du CETIM, publié le 20 mars 2024
L’Union des Comités de Travail Agricole (organisation paysanne palestinienne membre de La Via Campesina), le CETIM et FIAN International ont mené une semaine de plaidoyer afin de soutenir la lutte du peuple palestinien contre l’oppression colonialiste et génocidaire israélienne. Cette campagne a eu lieu du 5 au 11 mars 2024, à l’occasion de la 55e session du Conseil des droits de l’homme (CoDH) à Genève. Au cours de la semaine, les organisations précitées ont levé la voix contre le génocide israélien et ses répercussions sur les luttes pour la terre et la souveraineté alimentaire. Elles ont également rappelé l’importance de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des paysans et autres personnes travaillant dans les zones rurales (UNDROP). En effet, c’est un outil clé dans les luttes paysannes palestiniennes pour la protection de leurs droits fondamentaux ainsi que pour les principes de la justice sociale et climatique.
À ce stade, les crimes haineux perpétrés par Israël contre la population palestinienne ont été dénoncés en mettant l’accent sur les segments vulnérables les plus ciblés, à savoir justement les personnes travaillant dans les zones rurales, ainsi que les femmes et les enfants. L’appel urgent pour mettre fin aux bombardements israéliens ainsi qu’à l’occupation illégale des territoires palestiniens – qui portent gravement atteinte aux droits fondamentaux des Palestinien.nes à l’alimentation et à la souveraineté alimentaire – a été au cœur de notre travail de plaidoyer. La violation systématique de ces droits a atteint des niveaux sans précédent en Palestine, puisque le nombre de Palestinien.nes en situation d’insécurité alimentaire, en particulier à Gaza, est le plus élevé jamais enregistré dans cette région ! C’est pourquoi l’UAWC a demandé instamment au Conseil des droits de l’homme et à ses États membres de cesser d’être complices du génocide israélien, qui utilise non seulement les bombes, mais aussi la famine comme arme de guerre contre une population entière.
Lors du dialogue interactif avec le Rapporteur spécial sur le droit à l’alimentation, M. Michael Fakhri, la représentante de UAWC, Yasmeen El-Hasan, a fait une déclaration poignante condamnant la complicité de certains États et institutions dans le génocide en cours à Gaza. Elle a souligné que la destruction systématique par Israël des infrastructures palestiniennes vitales garantit que ceux et celles qui ne sont pas tué.es par leurs bombes seront « tué.es par la famine, la déshydratation ou les maladies évitables, ce qui se produit déjà en ce moment ». Elle a également déclaré que le fait de parler de souveraineté alimentaire plutôt que de sécurité alimentaire est voulu, car l’insécurité alimentaire, qui n’est pas due à un manque de ressources, est un choix politique. « Si nous avions la souveraineté sur nos terres et nos ressources naturelles, les Palestinien.nes jouiraient de la sécurité alimentaire. Les 2,3 millions d’habitant.es de Gaza, dont plus de la moitié sont des enfants, ne seraient pas confronté.es à la famine ». Voir la vidéo du discours de Yasmeen El-Hasan
En outre, UAWC, le CETIM et FIAN International ont également organisé de multiples discussions bilatérales avec des mécanismes et organes onusiens. En particulier avec le Rapporteur spécial sur le droit à l’alimentation qui a dénoncé avec force les violations délibérées par Israël du droit à l’alimentation du peuple palestinien (voir les liens vers les médias ci-dessous). Dans le cadre de ces échanges, Yasmeen El-Hasan a participé en tant que panéliste à un événement parallèle organisé par M. Fakhri. Lors de cet événement, la représentante de UAWC a expliqué que la souveraineté alimentaire palestinienne est intrinsèquement liée à la souveraineté de l’État palestinien, qui en a tant besoin. Soulignant qu’une véritable souveraineté alimentaire reste inaccessible sans la libération de la Palestine des chaînes du colonialisme israélien, UAWC a insisté sur le besoin urgent d’une action mondiale efficace dans ce domaine.
Le CETIM et FIAN International ont également facilité plusieurs rencontres bilatérales entre l’UAWC et certains États alignés qui soutiennent la lutte palestinienne pour la libération. Il s’agit là d’un autre impact important du travail de plaidoyer effectué lors du Conseil des droits de l’homme. Lors de réunions avec des représentant.es de Colombie, du Brésil, de Bolivie, d’Afrique du Sud, d’Indonésie, d’Algérie et d’Espagne, Madame El-Hassan, tout en les remerciant de leur soutien, a sollicité plus d’articulation entre leurs initiatives en faveur de la Palestine. L’UAWC offrira à ces pays des informations recueillis directement sur le terrain et continuera à explorer de possibles voies de collaboration pour aider le peuple palestinien.
Tout au long de la semaine, l’engagement de UAWC auprès du CoDH a fait l’objet d’une couverture médiatique considérable (voir les liens ci-dessous), Mme El-Hassan participant à des interviews avec des journaux locaux et se joignant au Rapporteur spécial sur le droit à l’alimentation lors d’une conférence de presse à laquelle ont assisté divers organes de presse accrédités auprès de l’ONU. Sous les projecteurs des médias, UAWC a réitéré la détermination inébranlable des Palestinien.nes à dépasser les simples cessez-le-feu et à s’attaquer à la cause profonde de leur situation, c’est-à-dire l’emprise implacable du colonialisme israélien. Soulignant une fois de plus le lien indispensable entre la création d’un État palestinien et la question de la souveraineté alimentaire du peuple palestinien, Mme El-Hassan a insisté sur l’impératif d’établir un État souverain ayant le contrôle de ses ressources, de ses infrastructures et de ses terres. À cet égard, la fin de l’offensif génocidaire israélien en cours à Gaza et celle de l’apartheid subi par le peuple palestinien devraient être une étape fondamentale dans la concrétisation d’un État palestinien libre et souverain.
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